Ce gros ouvrage comprend une vaste introduction (237 pages) consacrée à Buridan, à son œuvre et à son époque. L'auteur y parle notamment de l'âne de Buridan, soulignant le caractère authentique de l'anecdote, du prétendu nominalisme du maître picard, de son soi-disant déterminisme psychologique, et de plusieurs sujets du même genre. Cette introduction est suivie de la traduction du Commentaire littéral des trois livres du Traité de l'âme d'Aristote (210 pages) et de la traduction des 44 Questions portant sur le même texte (385 pages). Le tout se termine par une abondante bibliographie.

La première version du Traité de l'âme de Buridan est particulièrement intéressante, tant elle met au point tout ce qui fera l'analyse buridanienne de l'anthropologie philosophique. Le maître picard s'y affirme comme un penseur original qui n'hésite pas à prendre ses distances par rapport aux nominalistes de son époque ou par rapport à la pensée thomiste, tout en empruntant parfois à cette dernière. S'efforçant d'intégrer la pensée aristotélicienne à un discours moderne novateur, il affirme très nettement l'autonomie du discours philosophique et soutient la primauté de la pensée. Adoptant une forme d'agnosticisme méthodique face aux apories psychologiques, telles que l'origine de l'âme, son immortalité, sa structure, il n'hésite pas à mettre en évidence le caractère hautement probable de la spiritualité humaine.